Le Parti Radical de Gauche est à la fois le plus ancien parti politique français et un des plus jeunes.
Fondé en 1973, il se rattache, par ses origines, son esprit et son nom, à une tradition qui remonte au milieu du XIXe siècle. Le radicalisme et les radicaux jouent en effet un rôle essentiel dans la vie politique française depuis près d’un siècle et demi.
1830
Les « premiers » radicaux contre la Monarchie de juillet et le Second Empire
Sous la Restauration et sous la Monarchie de Juillet, des hommes comme Garnier-Pagès, Arago, Ledru-Rollin, sont les premiers en France à se proclamer « radicaux », parce qu’ils sont partisans de réformes en profondeur. Ils sont fiers d’être les « fils » de la Révolution Française dont ils affirment leur volonté de tirer « toutes les conséquences ». Ce sont eux qui animent la gauche et même l’extrême gauche du « parti républicain ».
1849
Le programme du Comité montagnard
En 1849, les Radicaux se regroupent avec les socialistes pour préparer les élections législatives d’avril, au sein d’un Comité démocratique socialiste, appelé “ Comité Montagnard “. Ce comité publie, le 5 avril, un programme très radical qui met en avant les libertés publiques et la justice : défense de la forme républicaine et du suffrage universel direct, développement de la Constitution dans le sens démocratique, subordination formelle du pouvoir exécutif à l’Assemblée Nationale, liberté réelle de la presse, abolition des cautionnements et des privilèges d’imprimerie, abolition de la peine de mort en matière criminelle, réduction du budget et répartition équitable des charges de l’impôt.
1869
Le Programme de Belleville
Lors des élections générales de 1869, les électeurs de Belleville demandent à Léon Gambetta de déposer sa candidature contre Hippolyte Carnot. Un Comité démocratique radical des électeurs est formé et présente le fameux “Programme de Belleville”, auquel Gambetta répondra le 4 mai : « Citoyens, au nom du suffrage universel, base de toute organisation politique et sociale, donnons mandat à notre député d’affirmer les principes de la démocratie radicale et de revendiquer énergiquement. Ce principe généralisé et appliqué peut seul, en effet, faire disparaître l’antagonisme social et réaliser complètement notre formule : liberté, égalité, fraternité. »
1870
Les radicaux, défenseurs et fondateurs de la IIIe République
Sous la IIIe République, les Radicaux, unis sous la direction de Gambetta contre l’ordre moral et le régime autoritaire de Mac-Mahon, se divisent après 1880, lorsque la République appartient enfin aux républicains. C’est Georges Clemenceau qui prend la tête de la tendance de gauche, alors que Jules Ferry et Léon Gambetta se tournent vers le centre. Jusqu’en 1902, les radicaux, qui n’hésitent jamais à s’associer aux gouvernements de « défense républicaine » contre le boulangisme et la montée du nationalisme, après le scandale de Panama, et plus tard contre l’agitation d’extrême droite provoquée par l’affaire Dreyfus, sont bien plus souvent dans l’opposition qu’au pouvoir. Pourtant, c’est l’esprit du radicalisme qui inspire les grandes lois de cette période où la démocratie politique s’organise et se structure : loi de 1881 sur la liberté d’expression, loi de 1884 sur les conseils municipaux et sur les syndicats, lois sur l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire, révision de la Constitution de 1875, loi sur les associations, etc.
1901
Création du Parti républicain, radical et radical socialiste
En 1901, notamment sous l’impulsion de Léon Bourgeois, homme politique courageux qui, cinq années auparavant, alors qu’il était Président du Conseil, avait proposé au Parlement, sans succès d’ailleurs, le vote d’un « impôt progressif sur le revenu », les radicaux décident de fédérer leurs diverses tendances et de s’organiser pour gagner les élections législatives de 1902 qui doivent être décisives dans une France où s’opposent « bloc des gauches » et « bloc des droites ». Le Parti « républicain, radical et radical-socialiste » est créé. Il tiendra pendant quarante ans le premier rôle dans la vie politique française.
1905
Loi de séparation des Églises et de l’État
Un peu plus tard, en 1905, alors qu’il n’est plus au pouvoir et que les socialistes ont rompu le bloc des gauches, c’est l’esprit d’Emile Combes qui inspire la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat, qui donne son assise juridique à la laïcité. La loi assure la liberté de conscience et la liberté de culte et rompt avec le concordat de 1801 ; après quatre années durant lesquelles les ministres du culte sont indemnisés, toute subvention leur sera retirée. Les biens ecclésiastiques sont transférés à des associations cultuelles.
1907
Le Programme de Nancy et le temps des divisions
Le Parti radical-socialiste, comme il l’affirme dans ses congrès successifs, se propose d’être « l’union puissante de tous les fils de la Révolution » face aux hommes de contre-révolution. Il entend poursuivre avec énergie la réalisation des réformes politiques, économiques et sociales contenues en principe dans le programme républicain depuis 1869, programme dont s’est inspiré le Parlement pour élaborer les nombreuses lois déjà votées et appliquées. S’il combat tous les abus et veut supprimer tous les privilèges, il se refuse à établir, même théoriquement, entre les citoyens, des classes en lutte les unes contre les autres.
Mais après la victoire de la laïcité, le parti radical se divise. Georges Clemenceau en démissionne en 1909. Aux élections de 1910, les radicaux perdent des voix et des sièges.
1923
Édouard Herriot : le retour du Parti sur le devant de la scène
Après la guerre, où il tint efficacement sa place dans « l’union sacrée », le parti occupera le devant de la scène politique de manière presque ininterrompue, presque toujours associé au pouvoir. De 1923 à 1940, Edouard Herriot demeure la figure dominante du parti. S’alliant tantôt à droite, tantôt sur la gauche, il a pu donner l’impression qu’il pratiquait volontairement, pour s’y maintenir, une politique de bascule. C’est que, situé à la charnière de toutes les majorités possibles, comptant plus du quart des députés, dominant beaucoup de grandes villes et de nombreux conseils généraux, son concours était nécessaire pour préserver, au travers de toutes les vicissitudes de la politique, une certaine stabilité politique et pour éviter les affrontements brutaux. Durant cette période, le bilan de l’action des radicaux est largement positif. Herriot a été un ministre des Affaires Etrangères lucide et passionné de justice internationale, puis un excellent ministre de « l’instruction publique ».
1936
Le Front populaire : les réformes sociales
Dans le domaine économique et social troublé, les radicaux inscrivent à leur actif quelques réalisations importantes. Faute de pouvoir atteindre tous les objectifs qu’ils proposaient dans leur programme -ils n’ont jamais disposé, même en 1924, d’une majorité cohérente et résolue sur ces problèmes- ils ont approuvé, voté ou fait voter plusieurs lois qui allaient dans le sens de leurs propositions, notamment les lois sur les assurances sociales et les allocations familiales. Ils furent aussi à l’origine de grandes réalisations, comme la Compagnie Nationale du Rhône, qui vit le jour grâce à Herriot. Ils ont également été étroitement associés aux mesures prises en 1936 par le gouvernement du Front populaire de Léon Blum à travers l’action de Jean Zay. Ce seul fait suffit pour donner à leur action sa coloration sociale authentique.
1945
Déclin puis résurrection du radicalisme après la deuxième guerre
L’immédiate après-guerre fut une période difficile pour le Parti radical. Il supportait presque à lui seul -la droite était, en apparence du moins, absente de la carte politique- le discrédit qui pesait alors sur la IIIe République. On oubliait qu’il avait donné, comme tous les partis, de nombreux résistants à la patrie et même quelques héros comme Jean Moulin et Jean Zay. Pour beaucoup de Français, il incarnait un passé que l’on voulait oublier. Patiemment, quelques hommes, groupés autour d’Edouard Herriot, Edouard Daladier, Henri Queuille, luttèrent contre le « tripartisme ». En 1947, les radicaux reprennent audience et influence. Edouard Herriot est élu Président de l’Assemblée nationale et Gaston Monnerville, Président du Conseil de la République.
1954
Le gouvernement de Mendès France
En juin 1954, après une première investiture manquée quelques semaines plus tôt, Pierre Mendès France constitue un gouvernement. Ses sept mois d’exercice du pouvoir, tant par son style d’action que par les décisions prises, marqueront profondément le pays. Il tranche des problèmes que l’on avait laissé pourrir : la guerre d’Indochine, le réarmement de l’Allemagne, l’indépendance de la Tunisie. « Gouverner c’est choisir ». Cette leçon qu’il donnait par ses actes rejoignait la tradition des radicaux fondateurs de la République, hommes de gouvernement et hommes d’Etat. En même temps, son refus des idées toutes faites et sa volonté de rechercher, en dehors des sentiers battus, des solutions neuves aux problèmes économiques et financiers, retrouvaient les sources du véritable esprit radical. Pierre Mendès France marqua aussi profondément la vie du Parti radical. Il lui donna des structures plus solides et surtout un esprit et un élan nouveaux. C’est un parti rajeuni et plein d’ardeur qui affronta les élections de 1955 allié au sein du « Front républicain » avec la S.F.I.O. et quelques rescapés du naufrage du R.P.F.
1958
De Gaulle au pouvoir : les radicaux dans l’opposition
Après l’échec du Front républicain qui, victorieux aux élections, se brisa, malgré les efforts de Mendès France, sur la guerre d’Algérie, la voie était ouverte au Général De Gaulle. Son arrivée au pouvoir rejeta les radicaux, après quelques mois d’hésitation, dans une opposition de principe à un régime de caractère autocratique. Contre ce régime qu’il condamnait, le Parti radical mena le combat avec toutes ses forces. Il soutint la candidature de Gaston Defferre à la présidence de la République en 1965 puis celle de François Mitterrand. Membre à part entière de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, aux côtés de la S.F.I.O. et de la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand, il profita en 1967 du courant qui portait le pays vers la gauche, mais il subit durement le contrecoup des événements de 1968.
1973
Naissance du Mouvement des Radicaux de Gauche
En 1969, la nomination de Jean-Jacques Servan-Schreiber au secrétariat national donne un nouvel élan au parti. Au Congrès de Suresnes, Robert Fabre et la plupart des députés radicaux, refusant de se laisser pousser à droite, convaincus qu’une politique de réformes est impossible sans l’alliance avec les grands partis de la gauche, conscients aussi des servitudes du scrutin majoritaire, concluent un pacte avec le Parti socialiste et, quelques mois plus tard, signent le programme commun, après avoir obtenu de leurs partenaires la rédaction d’une annexe reprenant les thèmes majeurs du radicalisme. En mars 1973, les électeurs leur donnent raison : le pays se divise en deux blocs, ruinant les espoirs de ceux qui espéraient pouvoir éviter le choix difficile entre la droite et la gauche. En décembre 1973, un Congrès extraordinaire décide la création du Mouvement des Radicaux de Gauche. Quelques mois plus tard, le MRG est le premier parti de la gauche unie à demander à François Mitterrand de poser sa candidature à la présidence de la République. Son Comité de soutien est présidé par le radical François Luchaire. Sous la présidence de Robert Fabre, le MRG fait entendre, aux côtés des socialistes et des communistes, un discours réaliste, celui d’une gauche qui valorise l’initiative et privilégie l’individu et les libertés.
1981
Michel Crépeau est candidat à l’élection présidentielle
Avec la candidature de Michel Crépeau à l’élection présidentielle de 1981, le MRG propose aux Français un programme, « l’Avenir en face » attaché au libéralisme en matière économique, vigoureusement progressiste en matière sociale, soucieux des libertés individuelles et du respect de l’environnement. Au sein des différents gouvernements de gauche depuis 1981 (avec François Abadie, Maurice Faure, Michel Crépeau, Roger-Gérard Schwartzenberg, Jean-Michel Baylet, François Doubin et Emile Zuccarelli), les radicaux participent à la mise en œuvre des grandes réformes qui font entrer dans la réalité leurs idéaux d’humanisme et de solidarité.
1984
Ère européenne
En 1984, sous l’impulsion de Jean-Michel Baylet, le MRG prend l’initiative d’un regroupement des radicaux et des écologistes pour les élections européennes. La liste Entente Radicale Ecologiste (E.R.E. Européenne) propose aux Français la mise en place des Etats-Unis d’Europe, pour une Europe plus forte, plus démocratique et plus solidaire. En 1988, les radicaux de gauche soutiennent la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle.
1994
Élections européennes : Liste Energie radicale
En 1994, pour la première fois en France, grâce à la liste “Energie radicale“ conduite par Bernard Tapie, la jeunesse des banlieues est allée aux urnes et a voté pour un Bernard Tapie qui fut le premier à lui donner confiance, et à lui offrir, dans le cadre d’un parti à la tradition républicaine indiscutable, la perspective d’un plein accès à la citoyenneté.
2002
Christiane Taubira, candidate PRG à l’élection présidentielle
En 2002, le Parti Radical de Gauche fait de Christiane Taubira sa candidate à la Présidence de la République. Le sourire retrouvé sur tant de ces visages divers, femmes et hommes issus de l’immigration post-coloniale et bien au-delà, qui font la France d’aujourd’hui, disait la justesse du choix des radicaux.
2011
Jean-Michel Baylet, candidat aux primaires citoyennes
En 2011, Jean-Michel Baylet est désigné par le PRG pour défendre les valeurs du Radicalisme aux primaires citoyennes. Au cours de ces dernières, il défend un programme, « L’Audace à Gauche », qui met l’accent sur le fédéralisme européen, la nécessité d’une grande réforme fiscale en France, sur une économie compétitive et créatrice d’emplois, sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, et sur les combats sociétaux (mariage pour tous, droit de mourir dans la dignité, droit de vote des étrangers…). A l’issue du premier tour, les Radicaux de Gauche apportent leur soutien à François Hollande et posent la première pierre du rassemblement de la Gauche pour 2012.
2012
Le PRG dans la majorité présidentielle avec François Hollande
Lors de la nomination du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, le PRG est représenté par trois ministres :
- Sylvia Pinel, Ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme ;
- Anne-Marie Escoffier, Ministre déléguée chargée de la Décentralisation ;
- Christiane Taubira, Ministre de la Justice.
Lors du remaniement du 31 mars 2014, le PRG est représenté dans le gouvernement de Manuel Valls par une ministre et deux secrétaires d’Etat :
- Sylvia Pinel, Ministre du Logement, de l’Egalité des territoires et de la Ruralité ;
- Annick Girardin, Secrétaire d’Etat chargée du Développement et de la Francophonie ;
- Thierry Braillard, Secrétaire d’Etat aux Sports.
Lors du Remaniement du 11 février 2016, Sylvia Pinel choisit de quitter le gouvernement pour se consacrer à son mandat de 1ère Vice-présidente de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées :
- Jean-Michel Baylet est nommé ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités Territoriales ;
- Annick Girardin devient ministre de la Fonction publique ;
- Thierry Braillard conserve le Secrétariat d’Etat aux Sports.