Paris, le 2 mai 2022
Chère amie, Cher ami,
Quelques jours après le deuxième tour de l’élection présidentielle et alors que les élections législatives sont déjà lancées, je ressens le besoin de vous écrire pour vous parler de l’avenir de notre parti.
Chacune et chacun d’entre vous aura tout tenté pour permettre d’unir la gauche de gouvernement à l’élection présidentielle. Le mur des divisions auquel nous nous sommes confrontés aura permis la réélection d’Emmanuel Macron et nous aura finalement conduit à voter pour barrer la route à l’extrême droite. À assister à la mort de la gauche dite sociale-démocrate aussi.
Depuis le 24 avril, la vie politique se recompose. À gauche, le candidat LFI arrivé le mieux placé tente de créer un bloc de radicalité attirant l’ensemble des forces. À l’heure où je prends la plume, EELV en a déjà accepté l’augure et le PS comme le PCF œuvrent dans le même sens.
Ardents défenseurs d’une gauche unie pour la présidentielle, cette voie aurait pu être la nôtre. Il n’en sera rien. À plus de 90%, notre Comité exécutif a voté ce dimanche 1er mai pour un PRG indépendant.
Cette indépendance, c’est celle des valeurs plutôt que des arrangements.
Vous le savez, le Radicalisme de gauche s’est fondé sur les valeurs républicaines universalistes et laïques et sur la construction européenne. Ce ne sont pas là des détails mais les fondamentaux de nos convictions. Ce sont ces mêmes valeurs qui nous ont toujours permis de rentrer dans des logiques d’union large dès lors que la force centrale en garantissait une défense effective. Ce fut le cas avec François Mitterrand et avec Lionel Jospin.
La situation est aujourd’hui différente. Nos désaccords avec la force motrice de cette union sont considérables. Ils le sont sur nos fondamentaux. Ils le sont sur l’indépendance énergétique de la France. Ils le sont sur les questions géopolitiques et de défense.
Parce que le PRG, parti pro-européen, n’est pas un parti d’europhiles naïfs et béats, il préfère le rapport de force au sein de l’Union européenne plutôt que la désobéissance et le repli qui mèneront la France à l’isolement.
Parce que le PRG défend la concorde civile et la liberté de conscience, il fait de l’universalisme et de la laïcité les armes du combat émancipateur et humaniste. Ces convictions ne sont pas négociables.
J’entends que beaucoup de Français de gauche aspirent à l’union de la gauche. Quoi qu’il en coûte ? Je ne le pense pas.
Quelle crédibilité demain de la parole publique si les accords se nouent sur des reniements profonds ?
Passer en quelques heures de la défense du nucléaire à son arrêt total, de la promotion des valeurs républicaines universalistes au soutien à des candidats clairement hostiles à cette conception, de la volonté d’une Europe forte, sociale et protectrice à la désobéissance généralisée ne serait que le gage d’une insincérité.
Cette insincérité des convictions nourrit l’extrême droite depuis des décennies. Nous n’y prêterons pas la main.
Alors, s’il nous faut admettre que les élections récentes ne nous donnent pas la majorité, s’il nous faut respecter la démocratie, il nous faut donc ne pas prendre les électeurs pour des imbéciles. Il nous faut aussi nous réinventer.
Nos candidates et nos candidats que je remercie avec chaleur et affection seront les ardents promoteurs d’un projet social, solidaire et écologiste au service des plus faibles mais aussi à l’écoute des classes moyennes sur lesquelles repose la charge du collectif et demain du devenir de la planète.
Ils seront les candidats d’un projet qui combat durement les obscurantismes, les fanatismes et les extrémismes pour redonner le goût du vivre ensemble et du collectif.
Ils seront des femmes et des hommes attachés à leurs territoires, à la création de richesses durables, à leur juste redistribution. Ils seront les candidats du quotidien et du réel.
Ils seront, plus que jamais, pour ce combat historique, les Radicaux de gauche !
Cette logique d’indépendance ne nous mènera pas à l’isolement. Elle doit nous permettre de bâtir avec toutes celles et ceux qui, venus de toutes parts, partagent les mêmes valeurs. Nous faciliterons des soutiens réciproques aujourd’hui pour construire une maison commune demain.
Notre décision est aussi difficile que courageuse. Elle met l’avenir de notre parti en danger. Elle nous oblige et nous impose de serrer les rangs. Peut-être devrons-nous tout reconstruire. Et alors ?
Ainsi va la vie politique. La seule qui vaille. Celle qui repose sur des convictions solides. Elles sont ce qui nous unit. Elles sont ce qui justifie que nous nous présentions devant les Français pour les représenter.
Vive la République laïque. Vive la France des Lumières. Vive l’Europe.
Guillaume LACROIX
Président du PRG-le centre gauche