Mardi 6 avril, Guillaume Lacroix a adressé une lettre au Premier ministre Jean Castex. À l’approche des élections régionales et départementales 2021, aucun aménagement imaginé par le gouvernement depuis un an alors même que ce dernier nous rappelle régulièrement qu’il faut apprendre à vivre avec le virus.
Paris, le 6 avril 2021
Monsieur le Premier ministre,
Par courrier du 1er avril 2021, vous avez souhaité recueillir l’avis du Parti radical de gauche concernant le maintien des scrutins régionaux et départementaux des 13 et 20 juin prochains. Je vous en remercie.
Je souhaite, en introduction, vous rappeler que mon parti avait, en mars 2020, estimé publiquement que le maintien des élections municipales n’était pas compatible avec la situation sanitaire de l’époque, qui plus est au regard des maigres connaissances que chacun de nous en avait. C’est dans le même esprit que nous avons fait valoir auprès de Jean-Louis Debré notre souhait d’un report des scrutins régionaux et départementaux initialement prévus en mars.
Votre interpellation intervient après une année très difficile pour notre pays et sa démocratie. Elle intervient alors que vous avez, sous la férule du Président de la République, mis en œuvre de régulières et nombreuses mesures dites de « freinage » de l’épidémie dont les dernières en date laisseraient augurer, à vous en croire, une réouverture progressive du pays dès la mi-mai. Pour nous tous, je souhaite que les faits vous donnent enfin raison.
Vous comprendrez donc que dans ce contexte, sans disposer d’indicateurs ou de modélisation venant contrecarrer vos espoirs, il nous parait surprenant qu’un nouveau report des élections puisse être envisagé tant l’idée affirmée « dehors en citoyen » ne saurait exclure la pratique de l’exercice démocratique.
Plus spécifiquement, à l’appui de votre courrier, vous nous adressez l’avis du conseil scientifique. Celui-ci, sans se prononcer au fond, explore les deux enjeux inhérents aux scrutins que sont la campagne électorale d’une part, la tenue du vote d’autre part.
Concernant la campagne électorale, nous prenons acte qu’elle devra impérativement respecter les gestes barrière et ne pas susciter de rassemblements. S’il va de soi que les candidats auront un devoir d’exemplarité, les règles qui leur seront appliquées ne pourront être plus dures que celles appliquées au pays. Il me semble que les contraintes fixées aux cultes pourraient a minima être transposées à la démocratie, comme elles auraient dû l’être depuis longtemps à la culture.
Par ailleurs, et afin de favoriser une campagne limitant la transmission de propagande sur papier, je vous réitère la demande exprimée plusieurs fois par le PRG de « suppléments de campagne » dans la presse régionale, accessibles à égalité par tous les candidats et pris en charge partiellement par l’Etat.
Concernant la tenue du scrutin, nous prenons acte qu’aucun aménagement n’a été imaginé depuis un an par l’Etat alors même que vous rappelez régulièrement qu’il nous faut apprendre à vivre avec le virus. Cette inaction est d’autant plus incompréhensible que des réunions avec vous, comme avec le ministre de l’intérieur, avaient permis à l’ensemble des forces politiques de proposer une modernisation de nos modalités électorales. Le vote par correspondance en était une forme non négligeable. Sa pratique récente au sein de la démocratie américaine a démontré une réelle efficacité qui aurait pu vous inspirer.
Nous prenons avec sérieux les difficultés qui découlent de la tenue de deux élections le même jour et des contraintes organisationnelles qui reposeront sur les maires, notamment dans nos communes rurales. Nous retenons avec attention l’avis du conseil scientifique privilégiant des scrutins en extérieur ou dans des bureaux de vote adaptés. Alors même que le secteur évènementiel est à l’arrêt, il nous semble que l’Etat, au travers des préfets, pourrait dès aujourd’hui solliciter les entreprises de chaque territoire en capacité d’apporter moyens logistiques et techniques aux communes les plus en difficulté.
En conclusion, le Parti radical de gauche, au regard des données dont il dispose et à l’aune du retour progressif à une vie normale esquissé par l’Etat dès la mi-mai, n’entend pas confiner la démocratie locale, et ce, alors même que place et l’importance des élus locaux n’a cessé d’être renforcée dans la crise.
Souhaitant que nos remarques et propositions nourrissent positivement votre réflexion, recevez, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.
Guillaume LACROIX
Président du PRG-le centre gauche